De retour d’une soirée salade et pissenlit, titubante, l’estomac gonflé de chlorophylle, la tortue a surpris, dans l’entrebâillement de la porte du salon, quelques petites secondes de la retransmission du concours de l’Eurovision de la chanson, défilant sur le Télécran de sa maîtresse. « La représentante de la Belgique va chanter en anglais » prononça une voix enthousiaste, jovialement étourdie et correctement appointée (sans doute) pour ce faire. Avant d’ajouter : « Mais elle n’a que 16 ans ».
J’ai cherché, pendant quelques secondes, ce qui pouvait bien justifier l’entre-lard de cette conjonction de coordination – le « mais » – dans un discours entièrement voué à la positivité du spectacle. Ne voulant point trop retarder l’heure de mon coucher, je me suis laissé convaincre rapidement que le balancement ainsi introduit implorait les excuses du public pour son jeune âge, lequel ne lui aurait pas encore offert le loisir d’apprendre le françois.
Je n’ai pas eu l’opportunité voire le « courage » de regarder cette fastidieuse soirée, mais c’est avec plaisir que j’ai appris le lendemain que la médiocrité internationale avait été vaincue par une ravissante balade portugaise. Indépendamment du côté anodin de cet événement, c’est « la culture » formatée et lobotomisante internationale dont on veut nous gaver, qui cette fois n’a pas eu le dernier mot. Obrigado Portugal ! 🇵🇹
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